« L'historien de Jean-Joseph Surin », écrivait Michel de Certeau en 1964, a de la peine « à trouver intact l'un de ses écrits et plus encore à en concevoir la totalité. » Victimes selon Henri Bremond d'une « étrange fatalité », les éditions de Surin seraient un champ de ruines. Pourtant ses papiers ont été copiés, collectés, donnant lieu à des projets d'édition, parfois réalisées et qu'il a lui-même favorisées et souhaitées de son vivant, malgré les autorités jésuites qui se méfiaient de ses dévotions extraordinaires après l'affaire de Loudun et sa maladie ( 1637-1657) et ont voulu empêcher ces publications . On verra comment le réseau des intermédiaires s'est mis en place pour organiser, sans nuire à l'obéissance, un corps d'écrits mystiques ou si l'on préfère sa « mise en œuvre ».