Bien avant d'être un succès imprimé, L'Histoire amoureuse des Gaules est un succès manuscrit : de 1660 à 1665, année de sa première impression à Liège, il circule dans les cercles mondains, dans des copies plus ou moins complètes. L'écriture par épisodes offre au manuscrit une maniabilité qui permet notamment à Bussy de ne présenter à Louis XIV que les deux premières histoires de son roman satirique. Les copies elles-mêmes procèdent par strates. Cette pratique de fragmentation semble courante chez Bussy : on la retrouve dans ses Mémoires ou ses Discours à ses enfants, dont la diffusion est plus restreinte. La circulation de morceaux choisis d'un destinataire à l'autre permet une incessante confrontation du texte avec un public, et une existence durable du manuscrit-brouillon qui fait œuvre en lui-même. Parce qu'elle est tardive, l'impression permet de suspendre l'état final du texte, alors en perpétuelle « broderie », et toujours inachevé.